Les alternatives au plastique peuvent être pires
mercredi 15 janvier 2020, par Arnaud Jadoul
Une étude réalisée au Royaume-Uni alerte sur les risques environnementaux potentiels présentés par les matériaux de substitution.

C’est peu de dire que le plastique n’a plus la cote dans notre société. En France, le projet de loi Économie circulaire en est une illustration parmi d’autres. L’impact des déchets plastique sur la pollution des océans a frappé les esprits et déclenché une course aux interdictions. Mais, dans l’emballage, le remède peut être pire que le mal. C’est ce que souligne le rapport Les Promesses du plastique du groupe de réflexion Green Alliance, réalisé au Royaume-Uni, dans le secteur de l’épicerie, pour le compte de la task force Économie circulaire, qui regroupe PWC, Kingfisher, Suez, Veolia et Viridor. Un contexte qui vaudra sans doute à ce document d’être vilipendé par un certain nombre d’associations environnementales.
Impacts carbone
Abordant les aspects pratiques, pour les distributeurs, de l’abandon des emballages à usage unique, le rapport suggère que certaines alternatives, adoptées sous la pression des consommateurs, mais sans étude d’impact, pourraient s’avérer plus nocives à long terme, si l’on considère des facteurs tels que les émissions de carbone. L’un des exemples mis en avant est celui des sacs en plastique. Des enseignes ont récemment abandonné les sacs en plastique à usage unique pour les produits en vrac et les articles de boulangerie, entre autres, pour les remplacer par des sacs en papier. « C’est une tendance inquiétante, car les sacs en papier, qui sont souvent tout aussi inutiles que ceux en plastique, peuvent avoir des impacts carbone beaucoup plus élevés, même si cela peut dépendre des sources de matériaux et des spécifications du produit », note le rapport.
Confusion
Une « préoccupation particulière » soulevée par Green Alliance dans le rapport vise le plastique biosourcé et compostable ou biodégradable. Bien que 81% des consommateurs perçoivent ces emballages comme respectueux de l’environnement, la signification des termes est peu comprise, de même que la façon dont le matériau devrait être traité après utilisation. Une confusion qui pourrait se révéler néfaste en cas de mélange de ces matériaux, en fin de vie, avec du plastique conventionnel, ou si les produits concernés sont jetés dans la nature, au prétexte qu’ils peuvent se décomposer. Certaines marques, qui ont adopté de tels matériaux, évoquent même un « désastre », la dégradation n’étant pas confirmée en pratique. Résumant les conclusions du rapport, Green Alliance déclare que, « en l’absence d’orientation gouvernementale, une approche disjointe et potentiellement contre-productive de la résolution de la pollution par le plastique est en train d’émerger ».
Gestion et planification
Pour Adam Read, directeur des affaires extérieures de Suez Recycling and Recovery UK, ce rapport montre que « des décisions à court terme pourraient causer des problèmes dans la création d’une véritable économie circulaire ». Et d’ajouter : « Le changement doit être géré et planifié si nous voulons évoluer vers des systèmes de recyclage et, plus important encore, de réutilisation en boucle fermée. » De son côté, Richard Kirkman, directeur de la technologie et de l’innovation de Veolia UK, estime que « ce rapport est une confrontation avec la réalité, il montre ce qui se passe avec les plastiques sur le terrain et pourquoi nous devons garder la tête froide ».
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